On a rencontré La Mécanique des sons, aka Jérôme Bailly, lors d'une sieste musicale qu'il donnait. Assis sur des transats, se laissant transporter par son univers, ses sons enregistrés des marais et autres réserves naturelles aux sonorités poétiques mêlés à des synthétiseurs plus personnels, tantôt nappants, tantôt ondulants et chatouillant la membrane de nos tympans.
Personnage original passionné par la mécanique (sa première profession) et par les reportages (il est désormais journaliste), il nous touche par sa passion des territoires et sa façon de donner vie à ce que l'on ne prend même plus la peine d'écouter.
Jérôme nous a accordé quelques minutes de son temps pour une interview.
Avec le réveil du coucou, tu nous fais redécouvrir le field recording. Peux-tu nous dire comment tu en es venu à investir ce champ esthétique ?
Le field recording a commencé pour moi lorsque j'ai découvert les micros d'ambiances dans une radio associative, plus précisément lors d'un reportage à l'écoute des sons de la nuit dans les marais, l'univers sonore qui s'offrait à nos oreilles avait quelque chose de magique, à partir de ce moment-là, j'ai eu envie de le faire découvrir aux autres.
Parmi les groupes qui peuvent t'influencer, ou que tu admires. Peux-tu nous faire découvrir trois nouveautés ?
Pas évident de n'en choisir que trois, voici mes coups de cœur du moment :
Zero Gr4vity - Floating points
Hiatu - Bulrush
Thylacine - Sheremetiev
Il y a peu de traitements - semble t-il - sur tes captations sonores. Comment les intègres-tu à tes compositions ? Comment joues-tu avec elles ?
Oui il y a peu de traitements sur les prises de sons car je ne garde que les enregistrements de qualité, donc pas besoin de correction sur le son.
J'ai pris l'habitude de répertorier toutes les prises de sons que j'enregistre, que ce soit pour un projet précis (reportage, ateliers, vidéos, expo, etc.) ou par hasard en itinérance. Pareil pour la musique, j'expérimente souvent des mélodies et des samples que je stocke bien au chaud.
Et à un moment arrive la composition, c'est comme des pièces de puzzle, d'un seul coup, je me dis : tiens tel son va bien avec tel son, ça pourrait donner telle atmosphère, tel effet, et ainsi de suite jusqu'à aboutir à un morceau. Souvent une captation sonore amène un morceau, mais aussi l'inverse avec les sonorités incroyables du synthé Moog Subharmonicon.
Tu es fort investi sur ton territoire. Est-ce lui qui stimule ton parcours artistique ?
Oui, pour moi l'inspiration commence par des balades dans la forêt, les marais et même la ville, sans même avoir un micro, juste écouter, puis revenir plus tard enregistrer. J'aime aussi avoir des sons d'autres territoires, comme les flamants roses de Camargue sur le dernier album EchØ, ou encore la mer de l'île de Houat en Bretagne, et même dernièrement des vaches Suisse, on peut entendre tous ces sons lors de siestes musicales que j'anime dans des médiathèques, jardins et centres culturels.
Peux-tu nous raconter la genèse de ton livre-album ?
C'est parti d'un constat avec le 1er album que la plupart des gens ne pouvaient plus lire les CDs chez eux, je voulais tout de même sortir un support physique pour l'album EchØ. Après en avoir longuement discuté avec Luc Marie Martin, photographe et infographiste de diagonalhorizon, nous avons décidé de faire l'album EchØ sous une forme originale : un livre avec photos, textes et QR codes vers l'écoute des titres. Cependant, quelques passionnés sont toujours attachés au CDs, il y a donc bientôt la possibilité d'avoir le livre + le CD sur la boutique en ligne de la Mécanique des Sons.
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